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Le lapin & la sorcière

Dans une garenne située au cœur d’une prairie, existait un lapin à la fourrure immaculée. Il était le plus blanc, le plus petit et le plus faible de tous ses camarades. Sa fourrure était trop claire pour lui permettre de se cacher parmi les herbes vertes ; son corps trop mince pour être endurant ; ses pattes trop frêles pour le propulser aussi vite que les autres. Lotus devait rester avec les lapins les moins dégourdis et attendre que leurs sentinelles aient bravé le danger de la prairie pour assurer leur sécurité. Il les admirait, ces lapins-protecteurs aux poils marrons, capables de se fondre près de chaque tronc d’arbre et arbuste. Leurs corps étaient massifs et musclés si bien qu’en un clin d’œil, ils avaient traversé toute la prairie pour se mettre hors de portée des ennemis. Quant à leur courage, il était sans limite ; prêts à défendre au prix de leur vie celle du plus faible. Oh oui, que ce lapin blanc les admirait, rêvant de leur prouver qu’il était lui aussi, assez courageux pour intégrer ce groupe.

Et cette occasion se présenta enfin, alors que toute la garenne profitait des premiers pissenlits, éparpillés dans la prairie. Un renard, rapide et furtif bondit à travers la plaine, fonçant sur les lapins. TAP ! TAP ! TAP ! TAP ! Les sentinelles tapèrent du pied, ordre aux lapins de fuir vers les terriers. Lotus, qui était trop loin des entrées de galerie, comme une dizaine de ses compères, se tapit dans l’herbe. Sa présence déclencha quelques chuchotements énervés, mais le petit lapin était trop concentré sur le prédateur pour s’en rendre compte. Ils étaient invisibles, grâce aux hautes herbes et fougères qui les entouraient. Malheureusement, le renard, après avoir raté ses proies, fonça directement sur eux. Les lapins couinèrent devant l’ennemi. Tremblant de panique, un lapereau se cacha la tête entre les pattes. Lotus, se redressant de toute sa hauteur, gonfla son ventre, mais le renard éclata de rire et fit claquer ses immenses mâchoires. Effrayé, le lapin blanc resta paralysé, incapable de remuer la moindre de ses moustaches. Il en tremblait tellement que ses dents claquaient. Le renard s’avança, prêt à mordre, mais une vaillante sentinelle s’interposa. D’un coup de patte, elle repoussa méchamment Lotus en grognant :

— Pousse-toi ! C’est toi qui les attire avec ta fichue couleur blanche !

Le renard s’avança, prêt à le mordre, mais la lapine-protectrice se plaça devant le prédateur et le boxa de ses pattes arrières. Elle évita les crocs, donna un coup de tête, évita les griffes, mordit dans la queue. Le renard gronda, incapable de saisir l’animal et finit par fuir, la queue entre les jambes.

— Merci, messire sentinelle ! glapirent les lapins apeurés qui s’éloignèrent en direction des terriers.

Lotus se releva, voulant faire de même mais la sentinelle se posta devant lui.

— C’est à cause de toi tout ça ! Qu’est-ce que tu imagines ? Tu crois que tu peux te cacher dans l’herbe avec ta fourrure aussi claire ? On te voit du haut de la colline ! Bon sang Lotus, tu es un aimant à prédateurs. Arrête de t’éloigner autant des terriers !

Lotus accepta la brimade, qui était loin d’être sa première. Il s’inclina, penaud, maudissant sa couleur qui l’handicapait tous les jours. La sentinelle s’en alla, sous le regard brillant malgré tout d’admiration du petit lapin blanc qui ne cessait de se répéter :

— Que j’aimerais être courageux, comme eux ! Et aussi sombre en pelage, comme eux…

Depuis ce jour, il s’entraîna à courir plus vite, à se dresser plus haut et à salir sa fourrure blanche pour se fondre dans la masse. Hélas, rien n’y faisait, point de courage à l’horizon et toujours autant de prédateurs à ses trousses s’il ne regagnait pas la sécurité des tunnels. Dès qu’un TAP ! se faisait entendre, il était le premier à réagir et courait se réfugier dans les terriers. Il y était encore, aujourd’hui, alors qu’un rapace planait dans le ciel, menaçant tous ses habitants. Il se blottit contre les autres, au fin fond des galeries. Collé contre ses compères, l’oreille aux aguets, il écoutait tout. Des lapereaux excités qui se destinaient à être sentinelle, aux pleurs de certaines familles qui avait perdu leurs compagnons.

— Quand je serai plus grand, j’irai trouver la sorcière des collines et je lui demanderai de me doter de pattes arrières super, super puissantes. Comme ça, je pourrai botter les renards !

— Et moi, je lui demanderai de me doter d’une intelligence capable de creuser les terriers les plus profonds pour protéger tous les lapins !

— Les enfants, la sorcière ne se montre que rarement, et la route pour y aller est truffée de danger. Sans accompagnement d’une sentinelle, les renards vous croqueraient tout rond. Mais accompagnés d’une sentinelle, vous ne verrez pas la sorcière des collines.

Lotus avait entendu cette légende maintes et maintes fois. Nombreux lapins étaient partis trouver cette sorcière. Peu étaient revenus. Et encore moins l’avait vue. Et pourtant, Lotus avait toujours été titillé par l’envie de faire le chemin, lui aussi…

C’est ainsi qu’un matin, après avoir déjeuné de quelques jeunes fleurs de trèfle, le petit lapin blanc quitta le terrier, en direction de la caverne de la sorcière. Il galopa toute la matinée, se cachant sous les arbustes très touffus, dans les troncs d’arbres morts et les terriers abandonnés. Quelques rongeurs croisèrent sa route, mais ils l’observaient dans l’ombre, protégés dans leur cachette. Un moineau curieux vola avec lui pour lui montrer la route et lui éviter les dangers avant de retrouver son nid. Plusieurs fois, il sentit l’odeur d’un renard ou d’une belette et resta tapi dans les hautes herbes, sans bouger. Il aperçut un éclat roux à midi et fit un large détour pour continuer. En milieu d’après-midi, une caverne se dressa enfin devant lui. À moitié recouverte de lierres, elle embaumait la mousse humide. Lotus avança son petit nez, reniflant toutes les odeurs qui lui parvenaient. Il y avait bien quelque chose là-dedans, quelque chose dont l’odeur ne ressemblait à aucun animal connu.

— Excusez-moi ! cria Lotus, prudent.

Personne ne lui répondit. Il avança une patte, une deuxième, remua son museau, avança une patte, remua son museau, s’arrêta et attendit. Il recommença son manège encore et encore jusqu’à se retrouver à l’entrée de la caverne. Celle-ci était plongée dans la pénombre, mais au fond, un feu réconfortant y brillait. Et à côté, quelqu’un s’y réchauffait, caché derrière une cape bleue nuit, un épais bâton de groseilles à la main et des bois dépassant de sa capuche.

— Excusez-moi de vous déranger…

Lotus s’avança avec la même prudence, observant le curieux individu. Celui-ci se retourna. C’était une lapine aux yeux verts et à la fourrure grise et blanche. Sauf qu’entre ses deux oreilles, il y avait une paire de bois. Les mêmes que ceux des nobles cerfs, mais adaptés à sa taille. La lapine-cerf sentait la mousse fraîche, le melon & le blé. Elle pencha la tête, silencieuse, ses bois émettant un léger chant en fendant l’air. Le lapin blanc s’arrêta de l’autre côté du feu, muet de stupeur.

— Bonjour Lotus, je suis heureuse de voir que tu es venu jusqu’en ma demeure. Je suis la sorcière de ces collines.

L’étrange lapine avait une voix claire et s’exprimait avec une belle élocution. Lotus resta la bouche ouverte quand il entendit son prénom. Secouant sa frimousse, il se reprit.

— Bonjour sorcière. Je suis venu de ma garenne pour te demander une faveur. Pourrais-tu me rendre aussi fort, aussi marron et aussi courageux que nos sentinelles ?

La sorcière attrapa un chaudron indescriptible et le plaça devant elle. Des dizaines de petites fioles en bois étaient posées partout, dans la roche de sa caverne. Elle attrapa l’une d’elles qui était plus longue et versa son contenu dans le chaudron qui se remplit d’un liquide ocre. D’un mouvement de bois, elle tourna son contenu et se redressa.

— C’est fini ?

La sorcière rit sans méchanceté, secouant sa tête grise et faisant voltiger de petites gouttes ocres de ses bois luisants.

— Non. J’ai besoin de trois ingrédients pour ce que tu me demandes. Dans la forêt d’à côté, il y a une chouette grise. J’ai besoin d’une de ses plumes. Près du ruisseau, il y a un serpent rayé. J’ai besoin d’une de ses écailles. Pour le dernier ingrédient, je te le dirai une fois que tu me seras revenu. Si tu ne t’en sens pas la force, tu peux rebrousser chemin et retourner auprès des tiens.

Lotus eut son petit cœur tout palpitant à l’annonce de sa tâche. Affronter une chouette, un serpent et une identité inconnue. Jamais il ne l’avait fait… mais il avait observé les sentinelles se battre contre des rapaces et des reptiles. Si elles en étaient capables, il le pourrait aussi ! Il pourrait reproduire leurs mouvements. Hochant la tête, il se dirigea vers la sortie.

— Attention Lotus, courage ne rime pas avec audace. Il ne suffit pas de se jeter au travers du danger, pour tout gagner.

Lotus se dirigea vers la forêt, les paroles de la sorcière tournant dans sa tête. Une fois dans les sous-bois, le lapin blanc colla son museau au sol. Peut-être la chouette grise y avait-elle laissé une de ses plumes ? Mais des plumes grises, il y en avait tout un tas sur ce tapis de feuilles. Comment reconnaître celle de cette chouette ? Il arpenta toute la forêt, sur ses gardes, car la nuit tombait. Quand le soleil disparut derrière les collines, Lotus hésita à rebrousser chemin. Les prédateurs étaient plus actifs la nuit, et lui, il n’avait pas une aussi bonne vue qu’eux. Quand soudain, il entendit un bruissement d’ailes juste au dessus de lui. Se jetant dans un terrier, il évita de justesse les serres acérées. C’était elle, la chouette grise. Furieuse d’avoir raté sa proie, elle poussa un hululement et battit des ailes. Lotus sortit de son terrier après une brève hésitation et poursuivit la chouette entre les arbres. Celle-ci s’arrêta sur la paroi d’une roche et observa les lieux. Dissimulé sous une épaisse racine, le petit lapin blanc discerna un nid, appartenant sûrement à la chouette. Un nid ! Il devait bien y avoir une plume entre ses œufs. Patient, Lotus s’assit, le regard porté sur la chouette. Il avait voyagé toute la journée sans s’arrêter et ressentait une importante fatigue. Ses paupières étaient lourdes et cette herbe était moelleuse. Il aurait très bien pu s’endormir et ne revenir que durant la journée, quand la chouette dormirait à son tour, mais c’est assurément dans son nid, qu’elle devait se reposer. Lotus patientait donc, veillant silencieusement durant des heures, à observer l’oiseau scrutant la forêt ; à écouter les animaux se répondre dans le noir, toujours à l’affût du moindre bruit trop proche de lui. La chouette poussait quelques cris, par-ci, par-là et à intervalles réguliers, partait chasser dans la forêt et revenait dans son nid. Une fois, deux fois, trois fois. Quatre fois, cinq fois, six fois. Sept fois, huit fois. À la neuvième fois, Lotus se jeta entre les herbes, escalada la paroi glissante et se précipita auprès du nid. Dedans s’y trouvaient trois oisillons apeurés qui se mirent à piailler en le voyant. Lotus agrippa une longue plume grises à pois blancs avant d’entendre le hululement en réponse de la chouette. Vite ! Lotus ne pouvait se cacher sur cette paroi. Il rebroussa chemin, tombant sur le derrière lors de son dernier bond. La chouette apparut, mais Lotus était de nouveau tapis sous sa racine, la plume convoitée entre ses dents. Il vit la chouette se porter près de ses petits pour les rassurer. Profitant de son occupation, Lotus quitta la forêt, trouva un terrier abandonné et profita d’un repos bien mérité.

Le matin, ragaillardi par sa prouesse de la nuit, le lapin blanc se sentait plus fort pour se mesurer au serpent. Il ne doutait pas de pouvoir subtiliser une de ses écailles sans avoir à affronter la bête. Laissant la plume tachetée là où il avait dormi, Lotus se dirigea vers le ruisseau décrit par la sorcière. Le glougloutement de l’eau se fit entendre bien avant qu’il ne le vit. Tout semblait paisible et calme. De nombreuses odeurs se mêlaient aux berges, des senteurs autant herbivores que carnivores, mais il n’y avait personne à cette heure de la journée. Des poissons frétillaient dans l’eau pendant que les grillons chantaient. Le petit lapin profita de ce calme pour grignoter quelques fleurs et fruits qui poussaient tout autour, gardant un œil sur son environnement. Tout était si délicieux. Les pissenlits étaient sucrés et le plantain très frais. Il se régalait. S’approchant du ruisseau, il mît les deux pattes dans l’eau, s’abreuvant goulûment. L’eau si fraîche lui déclencha des frissons. Lotus se secoua le corps jusqu’à la queue, s’éloignant par précaution du ruisseau. Soudain, ce qu’il avait pris pour une branche se jeta sur lui. Le serpent ! Lotus s’esquiva d’une pirouette à 90°, les crocs du serpent passant à quelques centimètres de lui. Aussi prompt que le lapin, le reptile se tendit, prêt à attaquer. Ses yeux brillaient de désir, lorgnant sur Lotus qui commençait à trembler du bout du museau. Le serpent s’élança, ratant sa cible, mais enroula sa queue autour de l’une des pattes du lapin qui trébucha et botta dans l’air. Lotus frappa, frappa, frappa encore, mais rien à faire, ses coups étaient pour le vent. Le reptile commença à s’enrouler, s’enrouler autour du lapin. Reprenant son souffle, Lotus finit par planter ses dents dans le corps de son ennemi. Sifflant, le serpent relâcha Lotus qui attaqua, malgré la douleur aiguë venant de sa patte blessée ; il griffa avec ses pattes avant, boxa avec ses pattes arrières, mordit avec ses dents encore et encore jusqu’à ce que le reptile s’éloigna sans demander son reste. Lotus resta un moment, dressé sur ses pattes arrières, le regard furibond. Quand il se calma, il remarqua qu’un tapis d’écailles l’entourait. Il avait réussit. Il avait berné une chouette et affronté un serpent, seul. Léchant sa patte blessée, il prit soin de vérifier que ce n’était pas trop grave avant de cueillir la plus grosse écaille et de retourner récupérer la plume dans son terrier. La route vers la sorcière fut rapide et il la trouva là où il l’avait quittée, déposant à ses pieds, le fruit de ses aventures.

— Bravo Lotus. Tu as combattu la fatigue en me ramenant cette plume, grâce à ta longue veille.

La sorcière saisit la plume mouchetée et la jeta dans le chaudron.

— Tu as combattu la douleur en me ramenant cette écaille, grâce à ta persévérance.

La sorcière saisit l’écaille rayée et la jeta dans le chaudron. Lotus l’observait en se léchant la patte et en s’interrogeant sur sa dernière épreuve.

— Il te reste une dernière chose à me donner, pour que ta potion soit finalisée. Tu es prêt ?

Lotus acquiesça, les oreilles dressées. La sorcière s’approcha et lui retira une touffe de poils blanche, un sourire malicieux affiché le museau.

— Tu as combattu la peur en parvenant jusqu’à moi, grâce à ta volonté.

La sorcière laissa tomber les poils blancs et donna un coup de bois dans le liquide, le faisant tourbillonner. Lotus regarda la plume, l’écaille et les poils danser dans la potion. La sorcière prît un flacon vide qu’elle remplit de potion. Tellement excité, le petit lapin blanc faisait des cabrioles dans la caverne.

— Prends cette potion Lotus, et elle te donnera ce que tu souhaites. Ne la bois qu’une fois que tu devras affronter un danger.

Le lapin blanc attrapa la potion et remercia chaleureusement la sorcière pour ce qu’elle avait fait. Celle-ci rit, secouant ses bois qui sifflèrent dans la caverne. Se postant de nouveau devant son feu, elle lui tourna le dos et ferma les yeux. Lotus sortit de la caverne et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir le sol recouvert de neige. C’était son premier hiver et ses premiers flocons. Passés les premiers instants de stupeurs, il s’élança dans le paysage blanc, faisant voltiger des débris de neige derrière lui. Le chemin du retour fut plus simple. Les prédateurs, surpris par les premières neiges n’étaient pas encore en chasse. Étrangement, le petit lapin n’attirait pas l’œil. Il semblait invisible dans ces plaines. Arrivé dans sa garenne, il peina à discerner les terriers de ses compères. Mais les sentinelles étaient elles bien visibles, la fourrure marron contrastant sur la neige blanche. Personne ne l’avait encore vu. Du haut de sa colline, Lotus sursauta, découvrant une bande de fouines blanches s’approcher en rampant des lapins. Elles se déplaçaient, silencieuses et invisibles. Tapant du pied, il sonna l’alerte, mais la neige amortit le choc, laissant son signal se perdre dans le vent. Il sauta sur un rocher et tapa à nouveau du pied, sans succès. Agrippant sa potion de courage, il la but d’une traite. Il ne sentit aucun changement opérer : il ne devint pas plus fort, ne devint pas plus brun et ne sentit pas non plus l’envie d’en découdre avec cette bande de prédateurs. Indécis, il fixa les fouines une nouvelle fois. Ces ennemis étaient plus forts qu’un serpent isolé et bien plus dangereux en groupe qu’une simple chouette. Les combats contre des furets ou des fouines se terminaient toujours mal pour les lapins.

Lotus trembla, la peur le paralysant une nouvelle fois. Ses oreilles étaient plaquées contre son corps, sa queue basse. Il claquait des dents, les yeux exorbités. Y aller serait dangereux. Ne pas y aller serait mortel pour ses amis, car aucunes des sentinelles ne semblaient remarquer ces ennemis en approche. Pourquoi ? La réponse frappa Lotus : parce qu’elles étaient aussi blanche que la neige, aussi blanche que lui. Sa fourrure claire l’aiderait dans ce combat. Lotus secoua sa tête avec vigueur. Il ne pouvait pas abandonner sa garenne. Il inspira grandement avant de s’élancer vers les sentinelles en criant de toute ses forces :

— Aux terriers ! Prédateurs en approche ! Aux terriers !

Le vent finit par porter sa voix et les lapins par se réfugier vers les terriers. Les fouines se jetèrent sur l’une des sentinelles, encerclée. Celle-ci virevolta et donna des coups sans réussir à atteindre une seule des fouines agiles. Lotus stoppa, à quelques mètres d’eux, se plaquant dans la neige. L’un des prédateurs chercha son odeur, sans réussir à le voir. Ça fonctionnait. Profitant de la neige, le petit lapin blanc se jeta sur la première fouine, la boxa à la tête avant de fondre sous la neige. Rampant jusqu’à la deuxième, il mordit si fort dans sa queue que le prédateur s’enfuit en couinant. Vif comme l’éclair, il se jeta sur la dernière, lui donnant coup de pattes, sur coup de pattes ; esquivant de sauts rapides et reprenant son souffle, caché dans la neige. Il vint à bout de ses ennemis qui filèrent loin, loin d’ici. La sentinelle se releva, impressionnée par le courage et la force de Lotus.

— Merci… Lotus, sans toi, j’étais perdue. Tu es devenu si fort, si agile et si courageux. Comment est-ce possible ?

Courageux ? Et là, Lotus, compris : la potion de la sorcière n’avait eu aucun effet, mais les épreuves qu’elle lui avait faites subir, oui. En allant jusqu’à elle, en affrontant la chouette et le serpent, il avait appris ce qu’était le courage. Il avait musclé son corps et surmonté sa peur grâce à son voyage. Il avait appris à se déplacer avec agilité et à affronter la douleur lors de son affrontement avec le serpent. Quant à la chouette, il avait compris que le face-à-face n’était pas toujours la solution.

Depuis ce jour, Lotus fit partie des sentinelles, profitant de sa petite taille et de son pelage atypique pour protéger sa garenne, qui vécut paisiblement durant tous les hivers suivant.

Un grand merci à Salmon & Corentin pour vos relectures & corrections !


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